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Gestion environnementale

Le domaine de Sceaux est vaste de plus de 165 ha, auxquels s’ajoutent le parc des sports de la Grenouillère de 14 ha, à Antony, et l’allée d’honneur, descendant vers Bourg-la-Reine, longue de 700 m et couvrant 4 ha.

Le domaine occupe un versant de la vallée de la Bièvre, recevant à l’origine deux de ses affluents, le ru d’Aulnay et le ru de Châtenay. Construits en point bas, le Grand canal, long de 1 100 m et le bassin de l’Octogone, recevaient naturellement les eaux des coteaux environnants pour les diriger ensuite vers la Bièvre. Si l’urbanisation a modifié le régime d’écoulement des rus, le Grand canal et l’Octogone restent alimentés aujourd’hui par des eaux de pluies, auxquelles s’ajoutent les eaux issues de forages en nappes souterraines.

Le sous-sol est constitué de marnes, de calcaires, de gypses et d’argiles vertes donnant naissance à un sol alcalin sur lequel s’accommodent le chêne sessile, le hêtre, le charme et le tilleul. En revanche, le châtaignier préférant les sols sableux plus acides en amont du vallon, celui de la Vallée-aux-loups à Châtenay-Malabry par exemple, est très peu représenté sur le site.

Au-delà de sa situation géographique, de son hydrologie, de sa géologie et d’une couverture naturelle qui serait faite de chênes, de hêtres, de charmes et de tilleuls, le domaine de Sceaux n’est pour autant pas un « parc naturel ». En effet, depuis le 17e siècle, l’homme a transformé le milieu pour en faire un grand parc d’ornements et de promenades. Son architecture de jardin régulier créée par André le Nôtre, le désigne comme un témoin vivant et prestigieux des parcs dits « à la française ». Cernée aujourd’hui par la ville, il est en revanche reconnu comme un réservoir de biodiversité dans son environnement. Le Muséum national d’histoire naturelle le qualifie d’ailleurs de ZNIEFF : zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique, dans le contexte de l’agglomération parisienne.

Cette caractérisation confère une responsabilité particulière au gestionnaire, qui se montre très attentif à la flore et à la faune sauvages du parc. C’est une des trois vocations du domaine de Sceaux : parc historique, parc urbain et parc de nature. Pour conserver ses trois figures, le Département des Hauts-de-Seine pratique la gestion différenciée : le parc est ainsi découpée en de multiples unités de gestion qui chacune porte une vocation particulière. La gestion différenciée est donc bien la gestion des différences, garantissant une variété d’ambiances paysagères et d’usages, réunie harmonieusement sur un même lieu.

Il existe quatre code de gestion différenciée à Sceaux :

  • le code horticole pour les parties les plus exigeantes, proches du château, illustré avantageusement par les broderies, unité la plus prestigieuse de ce code ;
  • le code jardiné pour les grandes perspectives historiques, aux grands tapis de gazon tondu et rideaux d’arbres taillés, tel qu’il en est de la Plaine des quatre statues, se déployant vers l’ouest depuis le château ;
  • le code champêtre, affichant des ambiances plus rustique, comme la grande plaine de jeux de la Patte d’oie, ses pâtures et ses lisières forestières ;
  • et le code naturel, représenté surtout par les zones naturelles protégées (ZNP), interdites au public, servant de refuge à la faune sauvage et protégeant un sol régénéré, car non piétiné.

La gestion écologique vient parfaire l’harmonie de l’ensemble de ses unités. Elle considère le parc comme un écosystème, c’est-à-dire un lieu où les êtres vivants qui le peuplent interagissent les uns avec les autres. L’objectif est de répondre aux besoins des plantes et des animaux qui y vivent : un gîte, un couvert, un partenaire sexuel pour renouveler leur population. Une bonne gestion écologique conduira le parc vers une certaine autonomie. Par exemple, lorsque des pucerons attaquaient en masse les tilleuls de l’allée d’honneur, une réponse du gestionnaire avait été pendant des années de pulvériser des pesticides, mortels pour les pucerons certes, mais dangereux aussi pour le reste de l’environnement, y compris les jardiniers et les usagers. Cette méthode radicale et délétère a été abandonnée totalement depuis 2007. Désormais pour lutter contre une invasion de pucerons, le Département travaille à diversifier les habitats naturels voisins, qui vont héberger et nourrir, tout au long de l’année, de multiples insectes, et parmi eux, se trouveront les prédateurs des pucerons (coccinelles, syrphes, chrysopes…). Ce sont véritablement des auxiliaires du jardinier. A l’échelle d’un site, on parle de protection biologique intégrée, c’est-à-dire que le parc avec sa faune et sa flore diversifiée, est capable de résister à certains envahisseurs ou désordres ponctuels. Pour les tilleuls de l’allée d’honneur, le Département a donc remplacé les haies voisines de Pyracantha et de Cotoneaster par une haie bio-fonctionnelle, constituée d’une douzaine d’arbustes beaucoup plus accueillant pour la faune auxiliaire (sureau, noisetier, viorne, charme, myrtille, cornouiller…).

Ainsi, depuis une vingtaine d’années, la gestion écologique a permis de diversifier les ambiances paysagères du parc, d’augmenter la fonctionnalité biologique du site, tout en étant une source de performance économique : les unités en code naturel et en code rustique demandent moins d’entretien que les unités jardinées et horticoles. Toutes les unités cohabitent donc avec pertinence dans le respect du caractère du lieu et de ses vocations ; les unités les plus sauvages protégeant indirectement les unités les plus sophistiquées.

En 2012, le domaine départemental de Sceaux obtenait le label Eve® (espace végétal écologique), octroyé par l’organisme de contrôle Ecocert. Ce label récompense l’exemplarité de la gestion environnementale du site. Plus d’une centaine d’exigences doivent être respectées dans tous les domaines de gestion (paysage, biodiversité, eau, déchets, énergie, intrants, protection végétale, accueil du public, sécurité…).