Rechercher

Pavillon de Hanovre

Construit entre 1758 et 1760 par l’architecte Jean-Michel Chevotet, le pavillon de Hanovre ornait le jardin de l’hôtel particulier du maréchal de Richelieu, situé à Paris, sur le boulevard des Italiens.

Surélevée et maintes fois dénaturée au XXe s., cette "folie architecturale" fut un temps menacée de démolition. Sa façade, classée "Monuments historiques", fut remontée dans son état d’origine en 1932 à la lisière sud-ouest du parc de Sceaux. Retrouvez toute l'historique du pavillon en cliquant sur le "+" de chaque bloc dépliable !

Le pavillon de Hanovre fait aujourd'hui l'objet d'une réhabilitation. En attendant la fin des travaux, nous vous proposons de découvrir le projet d'architecture initial.

L'histoire atypique du pavillon de Hanovre

1758 : La construction 

L'histoire du pavillon de Hanovre débute à Paris. En effet le Maréchal de Richelieu demande la création d'un "salon" à l'architecte Jean-Michel Chevotet, à l'extrémité de la parcelle triangulaire qu'il détient dans les jardins de son hôtel particulier, l'hôtel d'Antin, situé rue Neuve-Saint-Augustin (actuellement Boulevard des Italiens). Les travaux débutent en 1758 pour s'achever en 1760.

 

Le pavillon de Hanovre au XVIIIe s.

 

La coupole du pavillon de Hanovre, dessin de Grigny

 


1795 : La mise en place de la coupole 

L'œuvre initiale du pavillon, réalisée par Chevotet, est fortement fortement modifiée ! En 1795, Benjamin Callender, propriétaire Américain, dispose une coupole au sommet du pavillon, dans l'alignement de l'avant-corps central. Celle-ci abrite le Panstéorama, lieu où il est possible d'admirer des plans en relief de Paris. Les deux ailes sont, elles aussi, réhaussées et couvertes. Le rez-de-chaussée est complètement ouvert et constitué de vitrines, et les activités commerciales se succèdent au sein du bâtiment. Enfin, le plan originel a été entièrement réaménagé et recompartimenté. Pour couronner le tout, une marquise habille le premier étage sur toute la longueur du balcon.


1887 : La surélévation 

L'entreprise d'orfèvrerie Christofle est installé depuis 1847 sur les deux niveaux. En 1848, lorsque Napoléon III arrive au pouvoir, c'est l'apogée des grands boulevards ! En 1887, la maison Christofle décide de restaurer l'édifice, de supprimer la coupole et de le surélever d'un étage dans le même style. Ces travaux sont confiés à l'architecte Soley. d'ailleurs, la façade nord en pierre de taille est intégralement inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en mars 1925.

Finalement, l'Agence radio acquiert le pavillon au début du XXe s. Elle y installe, avec l'autorisation de la ville de Paris, des panneaux publicaitaire de 8 à 10 mètres sur sa toiture. En 1927, une autorisation est donnée pour l'installation d'une charpente métallique, chargée de recevoir des panneaux électriques lumineux. 

nullnull

 


1930 : Le démontage du Pavillon

La Société Immobilière de la Rue Louis le Grand devient propriétaire du pavillon. Mais elle souhaite démolir celui-ci, pour construire, à son emplacement, un bâtiment de huit étages à usage commercial et d’habitation : ce sera l’immeuble Berlitz, Boulevard des Italiens. Plusieurs propositions et réflexions tendent à conserver le pavillon dans les limites de l’alignement mais celui-ci serait alors en saillie de 2m25 sur la rue Louis-le Grand. Finalement, on décide de déménager le pavillon dans un autre lieu : le parc de Sceaux.

La société immobilière Ploussey & Cassan prend en charge la totalité de la démolition, du transfert et du remontage du pavillon, en 1930. Le plan projeté de la reconstruction n’est pas conforme à celui d’origine. Il s'agit en fait de mieux répondre aux points de concours des trois perspectives monumentales que l'architecte Azéma a dessiné en pâte d’oie. Le plan est modifié et disposé de façon à mettre en valeur les parties de façade qui subsistent, avec un pavillon d’accompagnement de la façade Louis XV. De plus, l’étage ajouté au XIXe est supprimé. En 1931 premiers pierres sont déposées.

 

""

 

Vue du pavillon dans le parc de Sceaux, dans les années 1930

 

1937 : Le remontage du Pavillon

Lorsque le pavillon de Hanovre est déplacé dans le parc de Sceaux, Léon Azéma rehausse l’édifice en le posant sur un socle en mœllon de pierre meulière avec un dallage béton tout en lui donnant une fonction de sous-sol. Le pavillon est réédifié avec des portiques superposés en béton armé, ancrés dans le socle. La façade en pierre de taille est ainsi maintenue, et la partie nord-est ainsi que les autres faces en pierre meulière sont jointoyées et enduites au ciment. En 1937, les menuiseries ne sont pas encore visibles, le pavillon attend ses aménagements extérieurs et notamment sa terrasse circulaire.

 

1960 : Le Pavillon restructuré 

Le pavillon de Hanovre retrouve sa vocation de folie dans un parc, couronné de ses putti et entouré par un parvis libérant toutes ses faces dont les nouvelles habillées de treillages losangés. Une rampe permet de répondre au nivellement du site depuis les deux entrées ouest du parc. En 1960, nous pouvons apercevoir les menuiseries en bois qui ont été recréées sur la facade de Louis XV, à l’exception des impostes cintrées ouvragées d’origine qui les surmontent sur l’avant corps courbe, désormais tourné vers l’est.

 

Le pavillon achevé dans les années 1960

 

Le pavillon de Hanovre en 2021


Le Pavillon en 2021

La perception actuelle du pavillon est uniquement liée à sa façade Louis XV, tournée vers le parc historique. Vous pouvez remarquer que cette façade regarde aujourd'hui vers l'est, alors qu'à l'origine, elle était tournée vers le nord. Quant aux parties ouest, elles sont invisibles et peu attrayantes car elles présentent une vaste surface enduite au ciment et sans attributs décoratifs. Depuis les années 1990, ces parties sont masquées par des bosquets touffus peu organisés de part et d’autre de la double rampe d’accès arrière au sous-sol. De plus, le bâtiment n’a jamais été aménagé intérieurement, hormis l’escalier central monumental en béton et une ou deux pièces au rez-de-chaussée.

Le projet bâti et paysager consiste à prolonger la structure du parc autour et à travers le pavillon de Hanovre. Il s'agit également de retourner l'édifice vers la ville et de le placer au coeur d’un dispositif rayonnant Parc-Ville. Le pavillon passe d’un rôle de façade unique mono-orientée, tel un simple panneau décoratif qui marque la fin du parc, à un véritable bâtiment actif et fédérateur, au rôle élargi d’entrée et de connexion entre le parc et la ville.

Le parvis paysager

Au niveau du fossé, à l’arrière du bâtiment, il est proposé d’alléger la strate arbustive qui constitue un écran opaque entre l’extérieur et l’intérieur du parc. cette opération permettra la création d’un parvis surélevé et d’un glacis rayonnant à 360°, avec des cheminements qui prolongent l’axe des allées principales de part et d’autre du pavillon. Cette action n’est autre qu’un retour à un état antérieur. En effet, dès la mise en place du pavillon, l’espace était entièrement dégagé. L’aménagement proposé tire parti de cet état, en venant prolonger le socle sur lequel est installé le pavillon, à l’arrière de celui-ci, et ainsi permettre un déplacement de son centre de gravité. Une perméabilité visuelle entre la façade et l’avenue est créée, grâce à un jeu de transparence entre les grandes menuiseries en bois existantes de la façade historique et le nouveau traitement de la façade arrière.

 

Vue du pavillon de Hanovre dans le parc, avec son parvis réhabilité

La reprise du nivellement du parvis, qui absorbe le soubassement du pavillon et son sous-sol, permet de le positionner clairement en hauteur y compris côté ville, pour conforter une égalité d’importance et de traitement avant-arrière. Il redonne ainsi sa physionomie première au bâtiment dont le soubassement était moins élancé. Le tracé des allées et massifs, la géométrie et la symétrie des dispositifs, prolongent et confortent le style "jardin à la française" du parc. L’objectif du Site Classé est en cela respecté.

L’accès au sous-sol se fait désormais uniquement par le rez-de-chaussée du pavillon. Le procédé permet de supprimer les rampes techniques qui défigurent le site pour privilégier un espace paysager de qualité tout autour du pavillon. Ce parvis fonctionne comme une terrasse-belvédère qui participe à l’animation du pavillon, car apte à recevoir du public. En revanche, le port élancé des platanes ne bloque pas la visibilité sur le pavillon. Cet alignement d’arbres sera donc à maintenir à la lisière boisée sur l’ensemble du pourtour du parc, afin de libérer un maximum de hauteur de visibilité sur le pavillon.

Le projet s’appuie sur les grandes structures paysagères du parc qui mettent en scène la présence du pavillon. Il s’inscrit dans l’histoire du lieu et son vocabulaire, tout en lui apportant une vision nouvelle et contemporaine. Celle-ci se manifeste notamment à travers la composition de broderies métalliques, qui réinterprètent les parterres historiques du château.

 

 

Vue de la façade contemporaine à résille métallique, rajoutée au pavillon historique

Les façades

Sur la seconde façade, un revêtement métallique, inspiré de motifs végétaux, encadrera une large baie vitrée. Cette façade regardera vers le nouvel écoquartier Central, créant ainsi un signal sur l’entrée ouest du parc. Elle se veut traversante, lumineuse et en cohérence avec les aménagements extérieurs.

Le pavillon revu s’organisera autour d’un "devant-dedans" mettant en scène la façade historique. Il conférera un effet d’ensemble, malgré la différence naturelle entre les deux façades principales est et ouest. L’élévation de style Louis XV, actuellement tournée vers les perspectives du parc de Sceaux, sera restaurée tout en conservant ses lignes architecturales. Touche finale enfin, le pavillon retrouvera son couronnement, car les putti des quatre saisons, déposés il y a quelques années, seront replacés.

Lorsque Léon Azéma reconstruisit le pavillon dans le Parc de Sceaux en 1930, il utilisa les techniques constructives de l’époque pour rebâtir l’édifice tout en symétrisant l’œuvre de l’architecte Chevotet. Le parti pris du projet actuel est de restaurer la façade historique, tout en revêtant la façade ouest d’une résille contemporaine, évocation des treillages de l’époque, avec les moyens techniques actuels (découpe laser).