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Céramiques

Par sa variété, la collection du Musée du Domaine départemental de Sceaux illustre l’imagination et les performances techniques mises au service de la production céramique francilienne du XVIIe au XXe s.

Fascinés par les porcelaines de Chine et du Japon découvertes au XVe s., les Européens s’empressent de rechercher la formule de cette matière fine, translucide, aux décors raffinés. En France, la manufacture de Saint-Cloud produit la première un matériau proche, la porcelaine tendre. Pour la concurrencer et contourner son privilège, les centres de production de faïence fine se multiplient : Mennecy-Villeroy, Sceaux, Bourg-la-Reine, etc. En 1768, la découverte du gisement de kaolin à Saint-Yrieix ouvre enfin la voie à la porcelaine dure.

D’abord sous protection royale ou princière, la fabrication de faïence fine ou de porcelaine s’industrialise dès le milieu du XVIIIe s. Les recherches permettent de nouveaux décors émancipés de l’influence orientale. Puis la redécouverte du Japon aux Expositions de 1867 et 1878 entraînera un renouvellement : les artistes céramistes redécouvrent le rouge de cuivre, recherchent la fusion de la forme et de la matière.

Grâce à des achats nombreux, des dépôts, dons et legs importants (Millet, Hulot de Collard, Dalpayrat) effectués depuis les années 1950, le musée présente dans son ensemble la diversité de la production manufacturière et du renouveau de la céramique à la fin du XIXe s. représenté par Edmond Lachenal, Adrien Dalpayrat et Emile Decœur. Dans la tradition des formes inventées au XVIe s. en Italie (Faenza et della Robia) ou en France avec Bernard Palissy, puis poursuivies le siècle suivant en Hollande et à Nevers, les faïenciers du XVIIIe s. conçoivent des pièces en trompe-l’œil destinées à exalter les couleurs et les saveurs des mets.


 

Vous pouvez consulter le fonds de céramiques en cliquant sur le lien ci-dessous.

COLLECTIONS DE CERAMIQUES


 

Œuvres phares

Manufacture de Sceaux - Soupière en forme de chou

L’arrivée à Sceaux vers 1750 du sculpteur Jean Louis, ayant travaillé à Strasbourg, explique sans doute l’influence des productions de la manufacture de Paul Hannong et de son sculpteur Jean-Guillaume Lanz. Eux-mêmes se sont inspirés des productions allemandes de Meïssen. De cette époque datent d’innombrables trompe-l’œil, terrines en forme de canard ou en forme de coq, pot à sucre en forme de pastèque, assiettes remplies d’olives, de noix etc. Utilitaire ou simplement décoratifs, ces objets étaient destinés aux différents services de la table et évoquaient en général ce qu’ils contenaient.

Ainsi l’abbé Le Bœuf, historien de la région parisienne, rapporte que cette mode était très présente à Sceaux : il y vit, en 1752, "une manufacture de Fayence japonnée établie en 1749. On y fait des choux et des brocs au prix de 36 livres, des figures d’œufs durs coupés en deux".

La marque à la fleur de lys, meuble faisant partie des armoiries de la duchesse du Maine et peinte au revers de ce plat, fut choisie par le céramiste Jacques Chapelle en l’honneur de sa protectrice. Néanmoins, après la mort de la duchesse en 1753, cette marque fut encore utilisée par Chapelle pendant une dizaine d’année. Elle semble avoir perdurée jusqu’en 1772 avec Jacques et Julien. En effet, à partir de 1763, Chapelle se retire et loue la manufacture à deux de ses décorateurs, Joseph Jullien et Charles Symphorien Jacques, pour un bail de neuf ans. Ces derniers louent également la fabrique de Mennecy dont la production présentera des similitudes de style.

 

Manufacture de Sceaux - Groupe de personnages

Cinq personnage sont disposés autour d’un rocher. Un homme médite, une jeune femme assise caresse un chien, un enfant joue avec une chèvre, plus haut une autre jeune femme semble danser. Enfin, au sommet de cette composition pyramidale, une femme debout tient dans ses bras ouverts une guirlande de fleurs. Leurs costumes sont tous décorés de motifs différents : des petites roses en camaïeu rose, des petits bouquets, des rayures noires ou bleues, des pastilles ou des pointillés. Ces figures, loin d’être uniques, se retrouvent dans d’autres compositions. Elles étaient sans doute inspirées de modèles exécutés d’après des peintres, notamment Boucher ou Watteau.

À partir de 1763, les décorateurs Joseph Jullien et Charles Symphorien Jacques louent la manufacture de Jacques Chapelle. Malgré le privilège de la manufacture royale de porcelaine de Sèvres, anciennement installée à Vincennes, ils développent une production de porcelaine tendre, tout en continuant la faïence, grâce à la protection du fils de la duchesse du Maine, Louis-Charles de Bourbon, Comte d’Eu.

Dans le sillage de Strasbourg et Niderviller, elles-mêmes influencées par Meissen, la manufacture de Sceaux se spécialise dans la statuaire émaillée polychrome. Très caractéristiques de cette période, les statuettes et figurines prennent place dans des scènes champêtres et pleines de légèreté. Ces pièces de petite dimension, appelés "groupe tournant", composaient les surtouts de table.

Les personnages représentés sont souvent des musiciens, des danseurs, plus rarement des couples galants ou des soldats de comédie. On distingue trois séries selon leur style, leur couleur et leur décor. La première, de 1763 à 1766, comprend des figurines influencées par Meissen ou par les biscuits de Sèvres. La seconde, série produite de 1766 à 1772, subit l’influence de la manufacture de Mennecy. Enfin la troisième se caractérise par un style Louis XVI.

Fortement influencé par Meissen, le groupe ci-dessus semble dater de la première période.