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Histoire des propriétaires

Au XVIIe s., l'ancienne seigneurie de Sceaux se métamorphose en véritable petit Versailles. Après la Révolution, le domaine survit à plusieurs périodes de déclin, jusqu'à son acquisition par le Département en 1923. Portraits et objets, exposés au Château, évoquent les différents propriétaires qui ont habités les lieux. Chacun a apporté sa pierre au Domaine de Sceaux. Qui sont-ils et quelle est leur histoire ?

Les Colbert

Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) acquiert, en 1670, l’ancienne seigneurie médiévale des Potier de Gesvres. Le ministre de Louis XIV va alors transformer la modeste propriété de ses prédécesseurs en un vaste domaine : il fait agrandir et embellir le château primitif des Potier de Gesvres en une vaste demeure. Celle-ci sera dotée d’un corps de logis et de deux ailes en retour sur l’entrée d’honneur. Il confie à André Le Nôtre (1613-1700) le soin de tracer les allées et les parterres d’un somptueux jardin régulier aux belles perspectives. Charles Le Brun (1619-1690) réalise les décors de la demeure et du pavillon de l’Aurore.

 

Après la mort de Colbert, son fils aîné, marquis de Seignelay, demande à Jules Hardouin-Mansart (1646-1708), Premier architecte du roi, de lui bâtir une nouvelle orangerie. Il entre en possession de terres supplémentaires, ce qui porte la surface du domaine à près de 220 hectares. Il fait aménager le tapis vert de la grande perspective est-ouest et creuser le Grand Canal. 

Le duc et la duchesse du Maine

En 1700, le domaine de Sceaux est vendu à Louis-Auguste de Bourbon, duc du Maine (1670-1736), fils naturel de Louis XIV et de la marquise de Montespan. Son épouse, Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé (1676-1753), y réunit une cour brillante qui s’emploie à la distraire : les Grandes Nuits, organisées en 1714 et 1715, constituent le point d’orgue des divertissements de Sceaux.

Cette période faste prend fin à la mort du Roi-Soleil : le duc du Maine se heurte alors aux princes du sang, qui l’écartent peu à peu des affaires de l’Etat. Pour rétablir l’honneur de son époux, la duchesse du Maine conspire contre Philippe d’Orléans (1674-1723), Régent du royaume pendant la minorité de Louis XV, et précipite la chute de la maison du Maine. Informé des agissements de la princesse, le Régent décide de l’envoyer en exil, ainsi que son époux, ses enfants et plusieurs courtisans impliqués dans la conspiration. Après une année passée loin de Sceaux et de Paris, la duchesse du Maine parvient à réunir une seconde cour à Sceaux et reprend grand train. Elle se fait notamment construire le pavillon de la Ménagerie sur un petit jardin constitué pour lui servir d’écrin.  

 

Le duc de Penthièvre

A la mort de la duchesse du Maine, le domaine de Sceaux revient aux deux fils du couple princier : le prince de Dombes (1700-1755), puis à son frère cadet, le comte d’Eu (1701-1775). Celui-ci, sans descendance, décide de vendre Sceaux au roi sous réserve d’usufruit, mais Louis XVI préfère rétrocéder la propriété au cousin du comte d’Eu, Louis Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre. Celui-ci séjourne assez peu à Sceaux, mais entretient scrupuleusement les bâtiments et le jardin de Le Nôtre. Il laisse, en 1791, la propriété à sa fille, Louise-Marie- Adélaïde de Bourbon (1753-1821), duchesse d’Orléans. 

Hippolyte Lecomte

En 1793, le domaine de Sceaux, comme d’autres maisons royales et princières, est confisqué comme "bien national" et transformé en exploitation agricole, puis revendu, en 1798, à Hippolyte Lecomte (1757-1819), brillant homme d’affaires, qui poursuit l’expérience agricole.

C’est Lecomte qui entreprend la démolition du château de Colbert, vers 1803, et ce qu’il restait du massif des cascades, en 1804. A sa mort, Hippolyte Lecomte est probablement l’un des hommes les plus riches de France.

 

Les Trévise

Les biens d’Hippolyte Lecomte sont maintenus en indivision jusqu’à la majorité de ses enfants. En 1829, sa fille, Anne-Marie, hérite du domaine de Sceaux après tirage au sort. Elle est alors depuis peu l’épouse de Napoléon Mortier (1804-1869), fils aîné du célèbre maréchal d’Empire et second duc de Trévise.
 

Le nouveau propriétaire et son épouse se passionnent pour l’histoire de l’ancienne demeure, qu’ils envisagent de remettre en état : nous leur devons ainsi la première renaissance du domaine de Sceaux au début du XIXe s. Ils reconstituent le dessin général du jardin de Le Nôtre et créent de nouveaux décors, notamment un parc paysager aménagé sur les parterres nord, à l’emplacement des bosquets de Pomone et de Psyché.
 

Les Trévise ordonnent surtout la construction d’un nouveau château - l’actuel château de Sceaux-, recréant ce qui fut une grande demeure aux environs de Paris.


Le duc et la duchesse de Trévise meurent peu avant le déclenchement de la guerre de 1870, au cours de laquelle l’Orangerie est gravement endommagée.

Le département de la Seine

La propriété passe, en 1875, entre les mains de Jean-François Hippolyte Mortier (1840-1892), marquis de Trévise, et de son épouse Gabrielle de Belleyme (1846-1923). Le domaine de Sceaux connaît, après la Première guerre mondiale, une nouvelle période de déclin. Si les abords du château sont entretenus tant bien que mal, les parties plus éloignées du parc sombrent rapidement dans un complet abandon.


L’unique fille de la dernière propriétaire, la princesse de Cystria (1866-1939), veuve et sans enfants, songe à vendre au plus offrant. Dès 1920, les grands lotisseurs de biens s’intéressent à ce vaste parc dans l’intention de le lotir entièrement.


En 1923, le département de la Seine, alerté par le maire de Sceaux, Jean-Baptiste Bergeret de Frouville (1861-1937), décide d’acquérir l’ancienne demeure en prévision de sa remise en état. L’architecte Léon Azéma (1888-1978) dirige les différentes campagnes de travaux de restauration du parc et de ses bâtiments. Azéma construit également de nouvelles cascades à l’emplacement des cascades du XVIIe siècle, que le président de la République, Albert Lebrun (1871-1950), inaugure en 1935.  

 

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